Toulon ou l'histoire contemporaine d'une justice singulière.
Lévy Albert
Au milieu des années 90, Albert Lévy était substitut du procureur à
Toulon, chargé notamment du grand banditisme dans le ressort judiciaire
du Var, marqué par les liaisons entre la pègre et certains personnages
politiques.
En 1998, le contexte était celui d’une municipalité tenue depuis trois
années par le Front national, sous l’autorité institutionnelle du
Préfet, Jean-Charles Marchiani, chargé en particulier par le pouvoir de
récupérer la manne électorale de l’extrême droite. Le combat judiciaire
d’Albert Lévy s’est inscrit dans la démystification des objectifs du
Maire fraîchement élu, qui souhaitait transformer Toulon en laboratoire
…
Les urnes avaient cependant choisi. La démocratie s’était exprimée !...
Il n’était pas question de bousculer ces nouveaux « amis politiques »,
certes, devenus encombrants, mais avec lesquels il avait été prévu de
composer en haut lieu en leur donnant des gages… Albert Lévy a pourtant
voulu continuer à être le garant constitutionnel des libertés publiques
et individuelles. Mal lui en a pris !...
Le dimanche 6 septembre 1998, après une interpellation et une
perquisition à son domicile, Albert Lévy est placé en garde à vue. Il
s’agit de tenter de le faire taire en montant une fausse affaire avec
de piètres mensonges. C’est le début de huit années d’un véritable
acharnement judiciaire.
Le magistrat est soumis à l’examen d’un expert psychiatre insinuant
qu’il voyait des fascistes partout, et concluant sa visite par un
certificat décrivant un homme qui « se perçoit comme le défenseur des
valeurs républicaines dans un environnement corrompu ». S’appuyant sur
cette savante expertise, une juge plaçait Albert Lévy sous contrôle
judiciaire avec interdiction de se rendre au tribunal et obligations de
soins psychologiques. Dans ce cadre, un nouvel expert osait interroger
Albert Lévy sur « son seuil d’intolérance à l’antisémitisme ».
Au tribunal de Toulon, « on est passé d’un certain silence à la
duplicité pour finir par la complicité ».
En février 1999, Albert Lévy est nommé au Tribunal de Lyon. Mais il lui
faudra attendre novembre 2006 pour que soit reconnue son innocence dans
ce dossier monté de toutes pièces dans l’intention de faire plier un
magistrat républicain.
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