Les Restos du Coeur

Restos du cœur : l'hiver dure toute l'année


Alors que l'association enregistre des records d'affluence et du nombre de
repas servis, elle va devoir fermer trois centres dans le Var.

À quelques jours de la fin de leur campagne hivernale, les Restos du
cœur varois ne peuvent qu'établir un triste constat : la fréquentation
de ces « cantines gratuites » selon l'expression de Coluche, leur créateur en 1985, ne cesse d'augmenter.
Pour cette 23^e saison, les Restos varois, barème de l'évolution de la pauvreté, auront
en effet distribué au bas mot 8 % de repas en plus. Ce qui les place en
tête de la progression dans toute la région, l'augmentation nationale
se situant autour de 1 %, indique Sophie Bazou, présidente
départementale de l'association. L'an dernier, la progression varoise
avait tourné autour de 3 %.
À l'heure actuelle, 251 000 repas ont déjà été servis à quelque 45 000 personnes,
dans un des quinze points d'accueil du département. Des RMistes la
plupart du temps, condition pour accéder à cette aide alimentaire.

Le loyer, un chemin vers la pauvreté

Pourquoi tant de demandes à l'aide ? À cause des loyers trop élevés. Beaucoup de
travailleurs n'arrivent plus à s'en sortir une fois le logement payé. « On voit de plus en plus de salariés pauvres », observe
Sophie Bazou. Qui se bat pour mettre en place un système d'aide au
logement, en passant des accords avec des bailleurs sociaux.
Actuellement, les Restos ne disposent en effet que de trois logements d'urgence pour des sans-logis.
« Nous avons des accords de principe et sommes en attente de six appartements, mais les dossiers avancent lentement »,
poursuit la présidente. La recherche d'un toit, éternel problème du Var
auquel se heurtent les Restos eux-mêmes, y compris pour leur propre
existence. Ainsi, sur les 15 centres d'accueil du département (1),
trois vont devoir fermer fin mars, car les municipalités qui les
accueillent ont besoin de récupérer leurs locaux. Il n'y aura donc pas
d'intersaison, comme on dit aux Restos, au Muy, à Sanary et à
Toulon-Cerise. Donc pas de distribution alimentaire de mai à octobre,
une fois par semaine seulement, pour aider les plus pauvres parmi les
plus pauvres à tenir le coup, c'est-à-dire ceux vivant avec la moitié
d'un RMI. Ils représentent 10 % de la population des Restos.

Recherche locaux désespérément

«À Toulon, la situation est grave. Il nous faudrait au moins trois
centres pour répondre aux demandes. Or, sur les deux actuels, l'un va
fermer », s'alarme Sophie Bazou. D'où ce nouvel appel à l'aide, pour dénicher un local de 100 m2, vers Toulon ouest.
Même urgence pour des lieux d'accueil au Muy, à Sanary et dans le golfe de
Saint-Tropez d'ici l'hiver prochain. Sans compter qu'à Brignoles, il
serait nécessaire de s'agrandir, face à l'explosion du nombre
d'inscrits. Il s'agit d'une population nouvelle qui quitte les grandes
zones urbaines pour le centre Var dans l'espoir de mieux se loger, mais
qui n'y trouve quand même pas le paradis.
Quant aux municipalités, « elles ont de plus en plus de mal à nous aider, car elles disposent
d'un patrimoine moins important qu'avant. On nous explique que celui-ci
est trop cher à entretenir » rapporte Sophie Bazou.
Certes.
Mais ici ou là, il reste bien, en cherchant, une permanence électorale
fraîchement libérée à prêter aux amis de Coluche. Jusqu'aux prochaines
municipales par exemple.


(1). Les Restos varois
sont implantés, de décembre à fin mars, à Toulon, Brignoles,
Draguignan, Hyères, La Garde, Le Lavandou, Le Muy, Sanary, La Seyne,
Six-Fours, Cuers, La Crau, La Valette, Fréjus-Saint-Raphaël.


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Contact : 04.94.08.07.09.
Var-Matin

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